Défis
La faiblesse des taux d’intérêt constitue la principale préoccupation

Le « contexte de faibles taux d’intérêt » persistant s’est hissé au premier rang des préoccupations à court terme (passant de 20 % à 26 % d’une année sur l’autre), et ce, pour toutes les catégories de répondants. Loin derrière, mais tout de même au deuxième rang, à égalité avec la « volatilité du marché », l’« incertitude économique et géopolitique » préoccupe de plus en plus les répondants (13 %).

L’« harmonisation des obligations futures avec les actifs » recule pour une troisième année, et passe du premier au quatrième rang des préoccupations diverses (21 % en 2018, contre 12 % cette année), bien que les régimes fermés aux nouveaux participants aient classé cette inquiétude comme représentant leur deuxième plus gros défi (14 %). Enfin, le « respect des exigences de capitalisation du régime » a été relevé en tant que défi connexe (7 %) et, combiné à l’harmonisation, il reflète probablement les préoccupations persistantes entourant la viabilité des régimes. Les autres préoccupations possibles ont été considérées de façon générale comme étant relativement négligeables, du moins à court terme.

ÉCONOMIE ET POLITIQUE À L’AVANT-SCÈNE

  • L’harmonisation des obligations avec les actifs
    témoigne de l’inquiétude que suscite la viabilité des régimes
Quels sont les trois plus grands défis auxquels devra faire face votre régime de retraite au cours des 12 prochains mois ?
Ce tableau montre la variation d’une année sur l’autre des principaux défis auxquels les répondants s’attendent à faire face au cours des 12 prochains mois.

* Comprend le versement des rentes au titre des régimes fermés ; les problèmes liés à la cybersécurité et à la protection des renseignements personnels ; la sécurité des employés ; et le développement de la stratégie numérique de données.

Presque rien

Alors qu’on pensait que les taux d’intérêt ne pouvaient pas descendre plus bas, la COVID-19 a frappé. La Banque du Canada a réduit son taux directeur à trois reprises en mars 2020, le portant de 1,75 % à 0,25 %, ce dernier étant toujours en vigueur1.

Taux directeur de la Banque du Canada
Ce graphique montre que le taux directeur de la Banque du Canada a été réduit à trois reprises en mars 2020, passant de 1,75 % à 0,25 %.

Les taux d’intérêt à long terme sont par ailleurs demeurés faibles au Canada depuis la crise financière de 2008, comme en témoignent les différences marquées entre les courbes de taux des obligations zéro coupon au cours des 20 dernières années2.

Courbes de taux des obligations zéro coupon
Ce graphique montre que les taux d’intérêt sont demeurés faibles au Canada depuis la crise financière de 2008, d’après les courbes de taux des obligations zéro coupon au début de 2001, 2011 et 2021. Les courbes de taux reflètent les cours des obligations du gouvernement du Canada et des bons du Trésor assortis d’une échéance allant de trois mois à 30 ans publiés par la Banque du Canada.

Augmentation de la polarisation

L’agitation politique ne manque pas dans le monde de plus en plus polarisé d’aujourd’hui, allant des guerres commerciales et des changements climatiques à un retour de l’injustice raciale au cœur des débats, en passant par l’essor des mouvements populistes. Tout ce brouhaha compte pour beaucoup dans le fait que l’incertitude économique et politique s’est hissée au deuxième rang des préoccupations des répondants, grimpant de 7 % l’an dernier à 13 % cette année, à égalité avec la volatilité du marché.

En attente d’une croissance durable

Les craintes soulevées par la volatilité du marché restent vives (deuxième principale préoccupation, ex aequo). Bien que l’indice de volatilité CBOE (VIX) ait nettement régressé par rapport au pic du printemps 2020, il demeure supérieur aux niveaux d’avant la pandémie3. Selon l’économiste en chef déléguée de RBC, Dawn Desjardins : « L’annonce du déploiement des vaccins a amélioré les perspectives. Toutefois, en raison de la résurgence des infections, la volatilité demeure plus élevée qu’avant la crise. À court terme, la hausse du nombre de cas de COVID-19 pèsera sur l’économie ; on ne s’attend pas à ce que la croissance prenne de la vitesse tant que les vaccins ne seront pas plus largement distribués. L’incertitude devrait maintenir les indicateurs de volatilité plus élevés que la normale et ils ne redescendront probablement pas avant que l’économie n’ait réellement retrouvé le chemin d’une croissance durable. »

Indice de volatilité boursière CBOE3
Ce graphique montre que même si l’indice de volatilité CBOE (VIX) a nettement régressé par rapport au pic du printemps 2020, il demeure supérieur aux niveaux d’avant la pandémie.

La volatilité ne s’atténuera probablement pas avant que l’économie n’ait réellement retrouvé le chemin d’une croissance durable.

—Dawn Desjardins, économiste en chef déléguée, RBC

Affronter les changements démographiques

En raison de la COVID-19, les régimes de retraite semblent avoir relégué au second plan les préoccupations entourant les changements démographiques (de 7 % à 3 % sur douze mois). Toutefois, l’impact du vieillissement des baby-boomers sur le système de retraite du Canada au cours des prochaines années devrait changer la donne.

Andrew Agopsowicz, premier économiste à Économique RBC, souligne le changement exceptionnel attendu au sein de la population : « L’espérance de vie à 65 ans est un peu plus longue que pour la génération précédente. Toutefois, le nombre imposant de baby-boomers constitue le principal facteur de pression démographique : la part des personnes âgées devrait passer de 17 % en 2018 à près de 22 % en 2030, une hausse trois fois plus rapide qu’entre 2000 et 2009, et presque quatre fois plus forte que dans les années 1990. »

Ce tableau montre que la part des aînés au sein de la population canadienne devrait passer de 17 % en 2018 à 22 % en 2030, selon les projections de Statistique Canada et Économique RBC.

Le nombre d’immigrants a nettement augmenté au cours des cinq dernières années, mais n’a pas suffi à compenser la croissance de la population retraitée.

—Andrew Agopsowicz, premier économiste, RBC

Selon M. Agopsowicz, un tel vieillissement s’explique essentiellement par le déclin du taux de fécondité au Canada après le baby-boom. Ce taux est resté bas depuis, se situant actuellement à un plancher record. Le nombre d’immigrants a augmenté au cours des cinq dernières années, mais n’a pas suffi à compenser la croissance de la population retraitée.

La pression se fait sentir

Les Canadiens en âge de travailler pourraient ressentir la pression financière que cause le soutien d’une population vieillissante sur une main-d’œuvre déclinante. En 2010, on comptait 2,3 Canadiens en âge de travailler pour chaque jeune ou aîné. Cette proportion devrait baisser à 1,7 d’ici 20305.

Nombre de Canadiens en âge de travailler par jeune ou aîné
Ce graphique montre que le nombre de Canadiens en âge de travailler pour chaque jeune ou aîné devrait passer de 2,3 en 2010 à 1,7 en 2030, selon les projections de Statistique Canada et Économique RBC.
  • 1Taux directeur de la Banque du Canada, au 20 janvier 2021
  • 2Courbes de taux, au début de chaque année civile, des obligations zéro coupon, en fonction des cours des obligations du gouvernement et des bons du Trésor du Canada assortis d’une échéance allant de trois mois à 30 ans, publiées par la Banque du Canada
  • 3Wall Street Journal/Haver Analytics, au 1er janvier 2021
  • 4Statistique Canada et Économique RBC, 17 septembre 2019
  • 5Statistique Canada et Économique RBC, janvier 2020